Écriture

Toutes les déesses-mères filent et tissent […] Tout ce qui existe procède d’elles : à partir de la création et de l’effondrement, elles tissent la tapisserie du monde, dont « les fils apparaissent et disparaissent de façon rythmée. »
Helen Diner, Mothers and Amazons

« Écrire n’a rien à voir avec signifier, mais avec arpenter, cartographier, même des contrées à venir »

Chapitre « Introduction : Rhizome », Mille Plateaux, Deleuze et Guattari

« axaravinyâsa – m. l’art d’assembler les lettres, écriture. » Dictionnaire classique sanscrit-français

Vinyasa est un terme sanskrit qui signifie « synchronisation du mouvement et de la respiration » mais aussi « placer d’une façon particulière ».

Pourquoi écrire, qu’est-ce que écrire?

L’écriture est un acte de centrage, un acte de cartographie, un acte de création, un acte de clarification, c’est un acte de milieu entre une expérience individuelle et intime de la vie, une expérience donc d’introspection, et une expérience collective et universelle de la vie donc une expérience d’extraversion. L’écriture est un acte pour trouver sa place parmi l’ensemble de la création humaine, entre les différents cercles et spirales qui existent dans ce monde. C’est un acte pour dire « Je » Existe, mais qui suis-« Je », qui est ce « Je » qui se revendique unique tout en n’étant jamais vraiment séparé du reste de la création? Qu’est-ce qu’apporte vraiment de plus ce « Je » par rapport aux restes et autres de la conscience? Ce blog est donc d’abord, si on prend le schéma du Gene Keys, un espace pour développer ma « Vocation » d’écriture, ma voie « Particule »ière. Notre individualité, notre conscience individuelle, est comme un point, ou de multiples points, entre ce qui est à l’intérieur du corps que nous sommes et l’extérieur du corps. Et notre existence, nos rêves, est formée de ce que nous consommons, et comment à partir de ces différentes choses que nous consommons nous vivons différentes expériences intimes de soi. Mais dans les deux cas, vivre les choses dans le dedans et dans le dehors, nous pouvons être pris par des forces, des pulsions incontrôlables, qui dépasse nos sens morales, qui dépasse nos capacités à donner et à recevoir. Les énergies qui existent dans l’Univers sont des énergies fortes qui finissent par former une Danse Eternelle où il n’existe plus rien de tangible, ni passé, ni futur, ni même le présent, mais un Eternel Moment Présent renouvelée en permanence en mouvement impermanent. Et soi-même, pris dans toutes les expériences accumulées, nous pouvons ne pas savoir comment « danser ». Ecrire est donc un acte-« point », reprendre les pas de danse que l’on connaît, pour revenir à la Danse. L’Univers n’a ni début, ni fin, mais un milieu, et c’est être capable de se retrouver dans ce milieu.

Le langage n’existe pas intrinséquement à nos expériences individuelles. Il y a différentes manières de penser le langage, et mes dernières expériences collectives d’Ayahuasca en Colombie (où je n’ai pas été capable de parler espagnol à part quelques mots de politesse) m’a montré qu’il y a une nécessité au langage, comme vecteur de communication entre différentes expériences de vie. Le langage, c’est chercher à communier, chercher ce qui est commun. Le langage est le communisme dans son expression la moins idéologique, la plus fondamental. Il y a ce langage écrit, mais le langage c’est d’abord un ensemble de symboles qui peut prendre une infinité de modes d’expressions, si tentés qu’il y a là la volonté de communiquer entre de multiples entités, à minima deux. Une volonté d’harmonisation, de formulation d’accords à partir desquels nous échangeons. L’écriture est un de ces modes d’expression.

Alors partons de ce que je veux transmettre. Partons d’un point sur lequel je me suis mis en accord avec moi-même.

Jésus n’est pas « notre sauveur ». Le message de Jésus est que nous sommes toutes et tous des frères et des soeurs les un.e.s pour les autres. Et que Je-Suis votre frère, frère des frères, frère des soeurs. Ainsi je me dois de vous écouter, tout autant que vous avez à m’écouter, on a toutes et tous à s’écouter.

Mais dans l’immensité que ce que chacune et chacun a à dire, et dans l’immensité de ce qui m’habite, on peut finir par produire un parasitage, un brouahaha incessant. Ainsi ce blog est d’abord quelque chose que je fais pour moi, pour développer ma self-expression en dehors d’un champ social où il n’y a pas l’espace suffisant pour dire tout ce que je ressens que j’ai besoin de dire entre ce que les autres disent. Car je suis conscient qu’un monologue exige une très forte attention d’écoute de la part de l’interlocuteur et de l’interlocutrice, et que l’espace social ne permet pas forcément l’expression du monologue de chacune et chacun. Ainsi sont né les réseaux sociaux, les conférences, les livres, les musées, pour laisser place aux monologues de chacune et chacun dans des espaces où celles et ceux qui le souhaitent peuvent écouter, acceuillir, en ayant la liberté de s’en extraire. Car le monologue peut finir par être vorace, à vouloir capter l’attention de tout le monde autours de soi. Ce blog est donc là pour satisfaire l’apétit vorace de mon dialogue interne sans pour autant dévorer l’existence des autres. Ce blog est là pour structurer, archi-texturer, articuler ce dialogue interne pour finir par le réduire à des éléments simples à partager dans l’espace social, pour finir par revenir au Silence. Le mental est une forme très grossière de l’attention, et il y a une nécessité en permanence d’affiner notre attention, de rendre notre existence moins grossière. Ce blog est là comme première étape d’affinage.

Il s’agit pour moi, de sortir du labyrinthe mental. Et en tant que je suis encore ici, là, maintenant, un « homme », d’apprendre par moi-même à marcher vers la libération. Les femmes ne peuvent pas faire cela à ma place, car c’est déjà prendre leurs propres ressources de libération. Il est donc pour moi un impératif de suivre, et d’apprendre à être ma propre faculté de mouvement, d’autonomie, d’Auto-Nomos, Authonomas. Il s’agit pour moi de revenir au point de bascules vers d’autres mondes, jusqu’au jour où je n’aurais plus besoin d’être de ce monde.

« Le processus de filage nous encourage à détecter la provenance de ces gaz pétrifiants, qui infestent même les corridors profonds de notre pensée. « Le chemin du retour à la réalité est la destruction de nos perceptions de celle-ci », a dit Bergson. Certes, mais ces perceptions trompeuses ont été et persistent à être implantées par le langage y compris mythique, véhiculé ouvertement et subliminalement par la religion, le « grand art », la littérature, les codes professionnels, les médias, la grammaire. En effet, la fourberie s’est implantée dans la texture même des mots que nous employons, et voici où peut commencer notre exorcisme. Ainsi, par exemple, l’expression « vieille fille » (spinster en anglais) est actuellement employée de façon péjorative. Cet usage n’est possible que selon les valeurs superficielles de l’avant-scène. Le sens originel de spinster, qui a reculé si loin dans l’Arrière-plan que nous devons filer profondément pour le récupérer, est clair et convaincant : « femme dont l’occupation est de filer ». Il n’y a aucune raison de restreindre le sens de « filer », verbe riche et cosmique. Une femme dont l’occupation est de filer participe à l’élan bourgeonnant de la création. Une femme qui choisit de s’identifier à Elle-Même et par Elle-Même, ni par rapport aux enfants ni par rapport aux hommes, est Filleuse, derviche tourneuse, filant dans un nouvel espace-temps. Un autre exemple concerne le terme « charme », pour lequel la première définition du dictionnaire Robert est « pratique supposée exercer une action magique ». À l’origine, les gens croyaient que les sorcières possédaient le pouvoir des charmes. Les auteurs du Marteau des sorcières constataient même que les sorcières pouvaient, par charme, faire disparaître le « membre » mâle. Dans l’usage contemporain, le sens ancien survit presque exclusivement dans l’Arrière-plan, le pouvoir du terme étant masqué et étouffé par des images de l’avant-scène telles qu’associées aux revues « de charme ».
Voyager, c’est multidimensionnel. Les myriades de sens et d’images qu’inspire ce verbe sont imbriquées. Nous pouvons penser aux voyages mystiques ou aventuriers, aux quêtes visionnaires, à l’approfondissement des connaissances, aux prouesses physiques et intellectuelles. Les barrières sont, elles aussi, multiples et enchevêtrées. Elles ne sont pas faites de simples blocs immobiles, mais plutôt d’élucubrations trompeuses qui, en babillant sans cesse dans la Tour de Babel, érection de la phallocratie , rendent sourde à Soi-Même. Ennemis de l’écoute, du rêve, et de la création chez toutes les femmes, les voix et les silences de Babel assaillent nos sens. Il est couramment admis que « Babel » est dérivé d’un mot assyro-babylonien qui veut dire « porte de dieu ». Dès que les femmes transpercent les barrières multiples, faites d’illusions éjaculées par « dieu », nous commençons à entrevoir les véritables seuils de nos profondeurs, qui sont les Seuils de la Déesse.
Détruisant les perceptions fausses infligées par le langage et les mythes de Babel, les Filleuses trouvent notre chemin du retour à la réalité. Nous nous dépossédons du langage de la phallocratie, qui nous avait paralysées par le sortilège de la fragmentation. Ce sortilège obscurcit, ouvertement et subliminalement, les perceptions de Nous-Mêmes et du cosmos. Pour atteindre l’Arrière-plan, nous devons d’abord reconnaître que « l’esprit » autant que « la matière » tels que conçus dans l’avant-scène des Pères sont des réifications et des condensations. Ce ne sont pas de véritables « opposés », car ils ont beaucoup de choses en commun : tous deux sont morts, inertes. Ceci est évident lorsque nous commençons à voir clair dans le jeu du langage patriarcal. Par exemple, le terme latin « texere », qui signifie tisser, est l’origine et la racine à la fois de « texte » et de « textile ». Il est important pour les femmes de noter l’ironie de l’écart dans les significations actuelles, car notre processus de tissage cosmique a été figé et réduit au niveau de la fabrication et de l’entretien des textiles. Bien qu’il n’y ait rien de dégradant dans cette occupation en soi, l’enfermement des femmes dans le domaine de la quenouille a mutilé et condensé notre Droit Divin au tissage créatif, réduit au reprisage des chaussettes. Lorsque nous examinons le terme « texte » en le comparant à « textile », nous nous apercevons que les textes sont l’autre face des condensations schizoïdes imposées sur le tissage et le filage. Domaine du mot réifié et de la pensée réductrice, les textes symbolisent le royaume masculin. Dans la tradition patriarcale, la couture et le filage sont pour les filles ; les livres sont pour les garçons.
Peu étonnant que beaucoup de femmes ressentent de la répugnance envers le domaine de la quenouille, transformé littéralement en usine infernale et en prison des esprits et des corps des femmes. Peu étonnant aussi que beaucoup de femmes voient dans le royaume masculin des textes une opportunité de s’évader de la tombe des textiles, qui symbolise le confinement et la restriction de l’énergie des femmes. Le royaume masculin des textes est apparu comme le domaine idéal à atteindre, à gagner, car nous avons été éduquées à oublier que les « savoirs » officiels résument le pillage de notre culture. Comme le constate Andrée Collard, dans la société des gendarmes et des voleurs, nous apprenons à oublier que les gendarmes sont eux-mêmes des voleurs qui nous volent tout : nos mythes, notre énergie, notre divinité, nos Êtres .
La pensée des femmes a été mutilée et voilée de telle façon qu’« Esprit Libre » est d’abord une marque de gaines et de soutiens-gorge, et non pas un nom pour Nous-Mêmes, inscrit dans notre parler-vivre, notre être-vivre. De tels noms de marque marquent les femmes « Dupes ». Dupées, elles peuvent croire que les textes masculins (bibliques, littéraires, médicaux, légaux, scientifiques) sont « vrais ». Ainsi manipulées, les femmes courent après une intégration en tant que potiches dociles marmonnant des textes masculins, employant la technologie à des fins masculines, acceptant les falsifications masculines comme véritable texture de la réalité. Le patriarcat a volé notre cosmos et l’a rendu sous la forme de la revue Cosmopolitan et de produits cosmétiques. Il a maquillé notre cosmos et nos Êtres. Filer de plus en plus profondément dans l’Arrière-plan signifie pécher courageusement contre les Péchés des Pères. Au fur et à mesure que nos sens se réaniment, nous pouvons voir, entendre et sentir combien nous avons été dupées par leurs textes. Nous commençons à détisser nos linceuls. »

GYN/ÉCOLOGIE : LA MÉTAÉTHIQUE DU FÉMINISME RADICAL de Mary Daly

« Un livre n’a pas d’objet ni de sujet, il est fait de matières diversement formées, de dates et de vitesses trés différentes. Dès qu’on attribue le livre à un sujet, on néglige ce travail des matières, et l’extériorité de leurs relations. On fabrique un bon Dieu pour des mouvements géologiques. Dans un livre comme dans toute chose, il y a des lignes d’articulation ou de segmentarité, des strates, des territorialités; mais aussi des lignes de fuite, des mouvements de déterritorialisation et de déstratification. Les vitesses comparées d’écoulement d’après ces lignes entraînent des phénomènes de retard relatif, de viscocité, ou au contraire de précipitation et de rupture. Tout cela, les lignes et les vitesses mesurables, constitue un agencement. Un livre est un tel agencement, comme tel inattribuable. C’est une multiplicité – mais on ne sait pas encore ce que le multiple implique quand il cesse d’être attribué, c’est-à-dire quand il est élevé à l’état de substantif. Un agencement machnique est tourné vers les strates qui en font sans doute une sorte d’organisme, ou bien une totalité signifiante, ou bien une détermination attribuable à un sujet, mais no moins vers un corps sans organes qui ne cesse de défaire l’organisme, de faire passer et circuler des particules asignifiantes, intensités pures, et de s’attribuer les sujets auxquels il ne laisse plus qu’un nom comme trace d’une intensité. Quel est le corps sans organes d’un livre? Il y en a plusieurs, d’après la nature des lignes considérées, d’après leur teneur ou leur densité propre, d’après leur possibilité de convergence sur un « plan de consistance » qui en assure la sélection. Là comme ailleurs, l’essentiel, ce sont les unités de mesure : quantifier l’écriture. Il n’y a pas de différence entre ce dont un livre parle et la manière dont il est fait. Un livre n’a donc pas davantage d’objet. En tant qu’agencement, il est seulement lui-même en connexion avec d’autres agencements, par rapport à d’autres corps sans organes. On ne demandera jamais ce que veut dire un livre, signifié ou signifiant, on ne cherchera rien à comprendre dans un livre, on se demandera avec quoi il onctionne, en connexion de quoi il fait ou non passer des intensités, dans quelles multiplicités il introduit et métamorphose la sienne, avec quels corps sans organes il fait lui-même converger le sien. Un livre n’existe que par le dehors et au-dehors. Ainsi, un livre étant lui-même une petite machine, dans quel rapport à son tour mesurable cette machine littéraire est-elle avec une machine de guerre, une machine d’amour, une machine révolutionnaire, etc. – et avec une machine abstraite qui les entraîne? On nous a reproché d’invoquer trop souvent des littérateurs. Mais la seule question quand on écrit, c’est de savoir avec quelle autre machine la machine littéraire peut être branchée, et doit être branchées pour fonctionner. Kleist et une folle machine de guerre, Kafka et une machine bureaucratrique inouïe… (et si l’on devenait animal ou végétal par littérature, ce qui ne veut certes pas dire littérairement? ne serait-ce pas d’abord par la voix qu’on devient animal?). La littérature est un agencement, elle n’a rien à voir avec de l’idéologie, il n’y a pas et il n’y a jamais eu d’idéologie.

Nous ne parlons pas d’autre chose : les multiplicités, les lignes, strates et segmentarités, lignes de fuite et intensités, les agencements machiniques et leurs différents types, les corps sans organes et leur construction, leur sélection, le plan de consistance, les unités de mesure dans chaque cas. Les stratomètres, les déléomètres, les unités CsO de densité, les unités CsO de convergence ne forment pas seulement une quantification de l’écriture, mais définissent celle-ci comme étant toujours la mesure d’autre chose. Écrire n’a rien à voir avec signifier, mais avec arpenter, cartographier, même des contrées à venir. »

Chapitre « Introduction : Rhizome », Mille Plateaux, Deleuze et Guattari

« Quand on iterroge Virginia Woolf sur une écriture proprement féminine, elle s’effare à l’idée d’écrire « en tant que femme ». Il faut plutôt que l’écriture produise un devenir-femme, comme des atomes de féminité capables de parcourir et d’imprégner tout un champ social, et de contaminer les hommes, de les prendre dans ce devenir. Particules très douces, mais aussi dures et obstinées, irréductibles, indomptables. La montée des femme dans l’écriture romanesque anglaise n’épargnera aucun homme : ceux qui passent pour les plus virils, les plus phallocrates, Lawrence, Miller, ne cesseront de capter et d’émettre à leur tour ces particules qui entrent dans le voisinage ou dans la zone d’indiscernabilité des femmes. Il deviennent-femme en écrivant. C’est que la question n’est pas, ou n’est pas seulement celle de l’organisme, de l’histoire et du sujet d’énonciation qui oppossent le masculin et le féminin dans les grandes machines duelles. La question est d’abord celle du corps – le corps qu’on nous vole pour fabriquer des organismes opposables. Or, c’est à la fille qu’on vole d’abord ce corps : cesse de tenir come ça, tu n’es plus une petite fille, tu n’es pas un garçon manqué, etc. C’est à la fille qu’on vole d’abord son devenir pour lui imposer une histoire, ou une pré-histoire. Le tour du garçon vient ensuite, mais c’est en lui montrant l’exemple de la fille, en lui indiquant la fille comme objet de son désir, qu’on lui fabrique à son tour un organisme opposé, une histoire dominante. La fille est la première victime, mais elle doit aussi servir d’exemple et de piège. C’est pourquoi, inversement, la reconstruction du corps comme Corps sans organes, l’anorganisme du corps, est inséparable d’un devenir-femme ou de la production d’une femme moléculaire. Sans doute la jeun fille devien-elle femme, au sens organique ou molaire. Mais inversement le deveni-femme ou la femme moléculaire sont la jeune fille elle-même. La jeune fille ne se définit certes pas pa la virignité, mais par un rapport de mouvement et de repos, de vitesse et de lenteur, par une combinaison d’atomes, une émission de particules : heccéité. Elle ne cesse de courir sur un corps sans organes. Elle est ligne abstraite, ou ligne de fuite. Aussi les jeunes filles n’appartiennent pas à un âge, à un sexe, à un orgre ou à un règne : elles se glissent plutôt, entre les ordres, les actes, les âges, les sexes; elles produisent n sexes moléculaires sur la ligne de fuite, par rapport aux machines duelles qui traversent de part en part. La seule manière de sortir des dualismes, être-entre, passer entre, intermezzo, c’est ce que Virginia Woolf a vécu de toutes ses forces, dans toute son œuvre, ne cessant pas de devenir. La jeune fille est comme le bloc de devenir qui reste contemporain de chaque terme opposable, homme, femme, enfant, adulte. Ce n’est pas la jeune fille qui devient femme, c’est le devenir-femme qui fait la jeune fille universelle; ce n’est pas l’enfant qui devient adulte, c’est le devenir-enfant qui fait une jeunesse universelle. »

Souvenirs d’une molécule, chapitre « Devenir-Intense, Devenir-Animal, Devenir-Imperceptible », Mille Plateaux, Deleuze & Guattari

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